Pour le projet
Les arguments avancés par les parties défendant le projet peuvent être classés en deux catégories : économiques et environnementaux.
Arguments environnementaux
Du côté environnemental, l’ACA, porteur du projet, a répondu à certaines des réserves émises par le commissaire enquêtrice en mettant en place un plan vert. Ce plan devrait répondre aux différentes critiques et plaintes des opposants au projet.
L’objectif premier est d’atteindre une émission nulle de gaz à effet de serre en se passant de toute compensation carbone sur le territoire terrestre de l’aéroport. Cette prise de mesure signifie qu’aucune émission au sol devrait avoir lieu, mais les émissions émises par les avions une fois que les roues des avions ont décollé du sol ne sont pas prises en compte.
Les différentes mesures pensées et programmées du plan vert ne peuvent pas être mises en place directement. L’ACA propose :
– Un roulage avec un seul réacteur
– Une promotion du futur carburant labélisée durable
– Des redevances adaptées à la pollution de l’appareil (si accord avec l’Autorité Régulatrice des Transports)
– La généralisation des contrats d’électricité verte en 2020
– Le passage à des véhicules et engins décarbonés, hybrides et même 100% électriques si possible (des navettes électriques sont déjà en place depuis fin 2019)
– La suppression du gaz pour le chauffage et la clim
– La plantation d’arbres sur place et à proximité de l’aéroport en lutte contre les sources de pollution persistantes
La mise en place des différentes actions pour les engins de pistes spéciaux aura lieu de 2019 à 2029. Les autres gros plans d’actions auront lieu de 2023 à 2030.
Dans la continuité des mesures précédentes, l’ACA, dans un futur proche, étendre la lutte anti-gaz à effet de serre au périmètre aérien dans un rayon de 50 km et pendant le cycle LTO, Landing and Take-off. Ce cycle comprend les phases d’approche, de roulage, de décollage et de montée en dessous de 915 mètres d’altitude. Selon, Dominique Thillaud, président du directoire de l’ACA, les réductions sont estimées à 60 tonnes d’équivalent de CO2. Pour donner un ordre de grandeur, une tonne d’équivalent CO2 correspond à 20 aller-retours Paris-Londres en avion.
Selon Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’Etat chargé des Transports, ces différentes mesures répondent, d’un point de vue environnemental, aux réserves posées par le commissionnaire d’enquête. Je cite « des réponses à ces questions ont déjà été apportées à l’issue de l’évaluation environnementale du projet ».
Arguments économiques
Selon, Jean-Baptiste Djebbari, la situation géographique particulière de Nice, les besoins de mobilité et l’activité économique de la région justifie le besoin de validation de ce projet, économiquement parlant. Je cite « Ne pas réaliser cette extension serait contraire aux besoins de mobilités, dégraderait la qualité d’accueil des 4 millions de passagers attendus les prochaines années, au détriment de l’activité économique et touristique de la région. »
Ces arguments sont repris par le ministre.., qui estime que l’aéroport a atteint sa limite et fait face à une augmentation inéluctable du trafic : « Cela se fait en parfait soutien avec les élus pour atteindre la capacité d’accueil de 18 millions de passagers »
D’ailleurs, l’avocat Jean-Pierre Bovin, a déclaré aux côtés de l’Etat en charge de l’affaire, que le nombre d’avions dans le ciel progresse quatre fois moins vite que le nombre de passagers, d’où la nécessité de la construction de nouveaux aéroports.
Enfin, pour unir les côtés environnementaux et économiques, Dominique Thillaud, président du directoire de l’ACA, a déclaré : « Sur le cycle dit ‘LTO’, soit les phases d’approche, de roulage et de décollage des avions, les émissions de CO2 ont baissé de 20 % ces cinq dernières années, à 10,75 kg, alors que nous avons accueilli 2,5 % d’avions en plus dans le même temps » . Cette déclaration prouverait, selon lui, qu’il est possible de concilier croissance du trafic et décroissance des émissions.
Contre le projet
Les principaux arguments avancés par les acteurs qui refusent l’extension de l’aéroport apparaissent comme des réponses aux arguments énoncés par les parties défendant le projet.
Tout d’abord, le collectif Citoyen 06 défendent la présence de population de Chiroptères dans la ripisylve du territoire. Ces espèces font l’objet de plan de restauration et bénéficient du statut d’espèce protégée en France. Le vol des avions aux abords de son territoire provoque la mort de certaines espèces et avec l’augmentation des vols, cette espèce serait mise en danger. Ils étendent cet argument aux différents écosystèmes qui seront impactés par les mesures d’accès à la zone aéroportuaire aux différents points d’entrées qui sont visées par le trafic aérien.
Il dénonce, ensuite, le fait que 75% des personnes venant à l’aéroport se font déposer en voiture actuellement, ce qui représente un total de 16 000 véhicules par jour. Ce chiffre risque d’augmenter avec cette extension qui devrait provoquer une fréquentation plus importante du site.
Pour cette association, le modèle d’évolution des avions présenté par les défenseurs du projet est irréaliste. En effet, les 22 000 vols de plus d’ici dix ans sortent, pour eux, d’un modèle sorti de la réalité, basé sur du surtourisme, en plus au sein d’une région qui est très vulnérable au changement climatique. Les chiffres avancés par les défenseurs auraient été surestimés pour justifier l’intérêt de l’aéroport. Dans le même sens, Thierry Bitouzé, co-fondateur du collectif, s’est appuyé sur les projections de l’ACA, qui énonce le chiffre de huit millions de passagers supplémentaires prévus d’ici 2030, pour montrer que ces prévisions équivalent au nombre de voyageurs du projet de Notre-Dame-des-Landes. Ce projet génèrerait aussi 22 000 vols supplémentaires. Pour lui, si le projet de Notre-Dame-des-Landes a été abandonné, il n’y a pas de raison pour que celui de Nice soit considéré de la même manière au vu des conséquences environnementales.
Pour répondre à la première validation du projet par le préfet, un groupe d’associations s’est réuni pour apporter des contre-arguments au sein d’un recours et avoir un poids plus important dans la décision. Ce groupe est composé de France Nature Environnement Provence Alpes Côte d’Azur, FNE Alpes-Maritimes, Capre 06 avec en tête le collectif Citoyen 06 avec son co-fondateur Thierry Bitouzé.
Dans ce recours, Thierry Bitouzé pointe l’absence d’étude complète et sérieuse d’impact environnemental pour accorder le permis de construire. Il insiste sur les impacts sur le littoral et la zone Natura 2000.
Le groupe dénonce l’impossibilité du plan zéro émission de gaz à effet serre car il y aura toujours un minimum d’émission au sein de l’aéroport, par exemple le déplacement des avions. Il remet aussi en cause le chiffre annoncé, dans le plan vert, de 60 tonnes d’équivalent C02 pendant le cycle LTO. Il serait en réalité de 155 000 tonnes selon une source de l‘aéroport, soit 2 500 fois plus. Il répond aussi à Dominique Thillaud, président de l’ACA, sur la lutte anti-gaz à effet de serre au périmètre aérien dans un rayon de 50 kilomètres. En effet, le rayon évoqué est plus important que celui du cycle LTO, qui est de 18 kilomètres en phase d’approche et de 9 kilomètres en phase de décollage. Le tonnage d’équivalent CO2 serait donc bien supérieur aux 155 000 du cycle LTO et donc aussi au 60 tonnes énoncées. Ces estimations rendent presque impossible l’absorption des émissions.
Le groupe affiche aussi un point de résistance concernant le projet des déplacements entièrement électriques. Les véhicules des pompiers et les engins de déplacements des gros porteurs ainsi que la présence obligatoire d’une centrale électrique de secours sont incompatibles avec ce projet.
Il dénonce aussi, une incohérence au sein du Ministère des Transports. Ils sont étonnés que Monsieur Djebbari, secrétaire d’Etat aux transports qui fait partie du ministère de l’Écologie, puisse défendre ce projet qui est contraire aux engagements de l’Etat français dans l’accord de Paris. Ce projet a été, en plus, critiqué par l’Autorité environnementale, qui fait aussi partie du ministère de l’Écologie, dans son avis rendu le 15 Juillet dernier.
Le projet apparaît aussi comme contraire à la lutte contre le réchauffement climatique. En effet, les particules fines sont déjà responsable de 500 morts prématurées par an.
Le groupe d’associations dénonce aussi la légalité du projet. En effet, le projet évoque aussi la construction d’un nouveau terminal T3 à l’horizon 2030 qui pourrait accueillir 21,6 millions de voyageurs. Si ces deux projets conjoints réunissent une somme totale de plus de 150 millions d’euros, la Commission Nationale du débat public doit être appelée au sein du projet.
La décision finale en février 2020
Le 28 Février 2020, le tribunal administratif de la ville de Nice a validé une nouvelle fois le projet d’extension de l’aéroport. Cette décision intervient en réponse à l’appel des différentes associations (France Nature Environnement Provence Alpes Côte d’Azur, FNE Alpes-Maritimes, Capre 06 et le Collectif citoyen 06) le 26 Février. Elles évoquent un détournement de pouvoir sur le permis de construire délivré par le préfet des Alpes Maritimes. Cependant le juge estime que tous les arguments liés au réchauffement climatique, à la biodiversité ou la santé publique ne peuvent être portés comme obstacle au trafic aérien. Le Maître Jean-Pierre Boivin a déclaré, aux côtés d’un avocat de l’Etat, que ce projet ne peut être refusé car « c’est comme demander à un être humain d’arrêter de grandir » après cette nouvelle validation.
Cependant, le représentant des associations, Thierry Bitouzé, co-fondateur de Collectif citoyen 06, dénonce les études d’impact et la partialité du commissaire enquêteur. Il décrit cette décision comme « une hérésie qui va énerver nombre de militants partout, à Nice et ailleurs ». Il compte continuer à se battre en portant l’enquête devant la cour de cassation.
Les travaux de l’aéroport doivent commencer pendant l’automne 2020, mais le combat des associations n’est pas fini et les débats vont être encore nombreux avant le vrai début des travaux.
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